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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/172

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prendre comment le mouvement d’un organe pourrait être senti si ses parties n’étaient pas douées d’une certaine force de résistance au mouvement.

Il me paraît donc prouvé, 1° que nous sommes très-assurés de l’existence des corps, c’est-à-dire d’êtres qui ne sont pas notre moi sentant et voulant, et qui lui obéissent ou lui résistent plus ou moins ; 2° que c’est à la faculté de vouloir, jointe à celle de nous mouvoir et de le sentir, que nous devons la connaissance de ces corps et la certitude de la réalité de leur existence ; 3° que, pour que ces facultés produisent cet effet, il faut que ces corps soient doués d’une certaine force de résistance au mouvement. Action voulue et sentie d’une part, et résistance de l’autre ; voilà, j’ose n’en pas douter, le lien entre les êtres sentans et les êtres sentis ; c’est là le point de contact qui assure très-certainement ceux-là de l’existence de ceux-ci, et je ne leur en vois pas d’autre qui soit possible.

De cette vérité, si c’en est une, comme je le crois très-fermement, il résulte deux conséquences singulières ; l’une, qu’un être complètement immatériel et sans organes,