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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/185

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rait assurer que dans le mouvement de nos nerfs qui produit en nous l’effet appelé une telle sensation, il n’y a pas des circonstances qui font que nous ne pouvons confondre ce mouvement avec un autre mouvement analogue, et qui produisent en nous la sensation d’un rapport de différence entr’eux, c’est-à-dire ce que nous appelons un jugement ? Assurément personne n’oserait prononcer que cela n’est pas.

Au contraire, chacun sait que beaucoup de sensations ont par elles-mêmes la propriété de nous être agréables ou désagréables. Or, qu’est-ce que trouver une sensation agréable ou désagréable, si ce n’est pas en porter un jugement, sentir un rapport entre elle et notre faculté sentante ? et sentir ce rapport entre une sensation et nous, n’est-ce pas sentir en même temps le desir d’éprouver cette sensation ou celui de l’éviter ? Toutes ces opérations peuvent donc se trouver et se trouvent réellement réunies dans un seul fait, dans la perception d’une seule sensation quelconque : j’ai donc eu tort de le nier, et d’avancer que nos facultés de juger et de vouloir ne peuvent commencer à agir que quand nous avons éprouvé la