cela n’est pas très-facile ; il semble même au premier coup-d’œil que cet effet n’a point de cause, ou, en d’autres termes, qu’il ne
ne serait pas prouvée, au lieu que celle de l’algébriste l’est ; et voici pourquoi.
Les mots sont bien, comme nous l’avons dit, des formules qui peignent d’une manière abrégée les résultats de combinaisons antérieurement faites, et qui dispensent la mémoire de l’obligation d’avoir ces combinaisons incessamment présentes dans tous leurs détails. Ainsi, nous les combinons bien jusqu’à un certain point indépendamment des idées dont ils sont les signes, et même cet effet a lieu beaucoup plus que nous ne croyons, comme nous venons de le voir ; mais les résultats que ces mots expriment ne sont pas d’une nature aussi simple ni aussi précise que ceux que représentent les caractères algébriques ; et les modifications que nous leur faisons éprouver dans le discours, soit en joignant un adjectif à un substantif, soit en donnant un attribut à un sujet, sont bien plus variées et bien moins mesurables que celles que font éprouver aux caractères algébriques les signes multiplié par, ou divisé par, ou le signe égale, qui équivaut à l’attribut verbal, ou les coefficiens, ou les exposans, ou les signes radicaux. Ces modifications des caractères algébriques sont toutes appréciables en nombres ; celles des mots ne le sont pas, et c’est-là une différence immense.
D’ailleurs, nous modifions nos substantifs, non-seulement dans leur compréhension, c’est-à-dire dans