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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/55

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cation que vous leur attachez est confuse et indéterminée. Mais à mesure que je vous expliquerai les choses qu’ils expriment, cette signification deviendra et plus claire, et plus précise, et plus complète ; et quand elle sera exactement la même que celle que je leur donne, nous serons au même point ; vous saurez la science que nous étudions, autant que moi, et comme moi ; nous aurons fini. Commençons donc par dégrossir, si je puis m’exprimer ainsi ; ensuite nous perfectionnerons successivement et graduellement.

En effet, mon objet est de vous faire connaître en détail ce qui se passe en vous quand vous pensez, parlez, et raisonnez : il faut donc qu’auparavant vous ayez pensé, parlé, et raisonné, sans quoi il vous serait impossible de m’entendre. Je parlerais éternellement des couleurs à un aveugle-né, et des sons à un sourd et muet de naissance, qu’ils ne sauraient jamais comprendre de quoi il s’agit. Il faut avoir éprouvé une impression quelconque, il faut la connaître déjà un peu pour pouvoir en raisonner : c’est la marche constante de l’esprit humain. Il agit d’abord, puis il réfléchit sur ce qu’il