Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/74

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fecté d’une sensation actuelle ; la seconde à être affecté du souvenir de cette sensation. Mais ce souvenir lui-même est une sensation ; car c’est une chose sentie, c’est une sensation interne, mais d’un autre genre que celles dont nous parlions tout à l’heure.

En effet le souvenir d’une sensation n’est point la même chose que la sensation même ; quand je me rappelle que j’ai souffert, je n’éprouve pas la même affection que quand je souffre actuellement. Il paraît assez vraisemblable que, quand nous sentons une sensation, le mouvement quelconque qui s’opère dans nos nerfs va de la circonférence au centre ; et que, quand nous sentons un souvenir, il se porte du centre à la circonférence ; ce qui aiderait à le croire, c’est que quand le souvenir est très-vif, il va quelquefois jusqu’à réveiller la sensation elle-même dans la partie où elle a été sentie ; il semble qu’alors, en vertu de ce fort ébranlement tendant du centre à la circonférence, il y ait une nouvelle réaction de la circonférence au centre qui reproduise le premier mouvement. Mais ce ne sont là que des conjectures ; le jeu mécanique de