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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/89

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cer à s’exercer précisément dans le même instant. Cela répond clairement, ce me semble, comme je vous l’avais promis, à la première des deux questions que nous nous étions faites dans le chapitre précédent[1].

Ceci ne veut pas dire, au reste, que nous ne naissions pas doués de la faculté de juger comme de celle de sentir. L’une et l’autre sont également des résultats de notre organisation ; nous l’avons déjà dit. Ainsi je n’ai

  1. On pourrait m’objecter que dès la première sensation que nous éprouvons, nous pouvons la juger agréable ou désagréable. Cela est vrai : je crois même que nous le faisons, et je crois de plus que c’est le seul jugement que nous puissions porter de cette première sensation, faute d’autres termes de comparaison. Mais ce fait ne détruit pas ce que je viens de dire ; car dans cette première sensation sont renfermées implicitement deux idées, celle de notre faculté sentante et celle d’une affectation qui la modifie ; et ce premier jugement n’est que la perception du rapport que cette affection a avec notre sensibilité, de la modifier en bien ou en mal. Cette perception de rapport peut donc naître tout de suite de notre première affection ; mais enfin elle ne saurait la précéder, elle ne peut que la suivre, et cela suffit pour la vérité de ce que j’avance. Nous reviendrons encore sur cet objet au chap. 8.