Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/301

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impossible avec les signes dont ils ont l’usage : et comme nous trouvons toujours entre leurs mains ces connaissances, comme des possessions déjà anciennes et mal conservées, dont il ne reste que des fragmens et des débris, nous sommes, ce me semble, inévitablement conduits à conclure que ces nations, quelqu’antiques qu’elles soient, ont été précédées par d’autres, qui se servant de meilleurs signes, étaient beaucoup plus éclairées ; et qu’elles en ont autrefois tiré des lumières, qu’elles n’ont pas même pu conserver entières, bien loin de pouvoir les accroître, avec le mauvais moyen qu’elles ont pour les constater et les transmettre.

Je crois que c’est là le plus fort argument que l’on puisse faire en faveur de l’existence d’un peuple éclairé, antérieur à tous ceux que nous connaissons : je crois même qu’il en démontre la nécessité, d’une manière irréprochable ; car elle est prise dans la nature de l’esprit humain et de ses moyens de connaître.

Quoiqu’il en soit, je crois avoir prouvé, et c’était l’objet de cette analyse, 1) que les hommes ne peuvent presque pas penser, sans avoir converti les signes naturels de