Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/37

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même avant de savoir et de pouvoir prononcer un seul mot articulé. Nous n’abandonnons jamais ce langage primitif, le seul que nous puissions parler : nous le cultivons sans cesse ; nous en perfectionnons graduellement les diverses parties, à proportion qu’elles en sont plus ou moins susceptibles, et en suivant les conventions qui sont établies, ou qui s’établissent parmi les personnes qui nous entourent. Ainsi, nous arrivons tous sans savoir pourquoi ni comment, jusqu’à un langage très-perfectionné, ou du moins très-compliqué, avant de nous être seulement doutés qu’il y ait des règles immuables qui régissent ces opérations, et qu’elles soient des conséquences immédiates et nécessaires de notre organisation ; tout comme nous avons acquis toutes nos idées, sans nous être aperçus de l’artifice de leur formation. Beaucoup d’hommes restent toute leur vie dans cette double ignorance. Nous l’avons déjà dissipée pour ce qui concerne les idées ; usons-en de même à l’égard des signes. Commençons par examiner le discours en général ; cherchons-y ses vrais élémens : et lorsque nous serons arrivés jusqu’à eux, nous le recomposerons successivement