Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/376

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on peut les rendre de cinq ou six façons différentes. Souvent la voix est sous-entendue, et on met de suite plusieurs consonnes, en se persuadant qu’elles appartiennent à la même syllabe : souvent aussi, c’est l’articulation qu’on néglige, et deux ou trois voyelles qui se suivent, forment ce qu’on appelle des diphtongues et des triphtongues, qui ne sont autre chose que des syllabes ou des sons différens confondus ensemble. De-là il arrive qu’on ne connaît point les syllabes réelles, et que celles qu’on distingue sont presque toutes arbitraires et conventionnelles. Presque toujours les modifications du ton sont confondues avec celles de la durée ou de la voix ; et presque jamais elles ne sont marquées régulièrement, non plus que celles de la durée. En un mot nos alphabets, vu leurs défectuosités et le mauvais usage que nous en faisons, c’est-à-dire nos vicieuses ortographes, méritent encore à peine le nom d’écriture. Ce ne sont réellement que de mal-adroites tachigraphies, qui figurent tant bien que mal, ce qu’il y a de plus frappant dans le discours, et en laissent la plus grande partie à deviner,