Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/386

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on, comme nous le disions ci-dessus à propos des écritures orientales, fournir à un peuple un moyen de représenter sa langue, moins incommode que celui dont il est en possession ? Au lieu de lui donner notre alphabet, ce qui n’est guères au fait que remplacer un mauvais instrument par un autre un peu moins mauvais, on lui offrirait cette représentation fidèle de la parole ; on lui apprendrait à décomposer rigoureusement ses sons, et à les noter scrupuleusement. Cette méthode étant fondée dans la nature, il en acquerrait bientôt l’usage, et bientôt même il s’en servirait utilement pour apprendre nos langues.

Bientôt nous même nous y aurions recours pour nous rendre compte de toutes les bizarreries de nos ortographes, pour nous accoutumer plus facilement à nous y soumettre, et pour apprendre à lire plus promptement et plus correctement : car Duclos a eu bien raison de dire que quiconque sait lire, sait le plus difficile de tous les arts. Il est même à remarquer que tous les autres arts s’apprennent plus ou moins bien à tout âge, au lieu que quand on n’a pas appris à lire avant que la raison soit