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jamais de quelles idées il est question. Il faut donc, pour exprimer un jugement, énoncer les deux idées dont l’une contient l’autre, plus l’acte de l’esprit qui aperçoit ce rapport. C’est ce que l’on appelle le sujet, l’attribut, et le signe de l’affirmation qui les unit. Or, c’est ce qui constitue une proposition.

Ces réflexions s’appliquent également à toute espèce de discours, puisqu’elles sont fondées sur la nature des idées, et non sur celle des signes.

Que ces signes soient des attouchemens, des gestes, des figures tracées, des sons articulés, peu importe. Nous pouvons donc établir comme principe général et même universel, que tout discours est composé d’énoncés de jugemens, de propositions, ou de noms d’idées, composés d’un ou plusieurs signes, mais détachés les uns des autres et sans liaisons entr’eux. Citons des exemples des deux espèces, tirés du langage articulé et particulièrement de la langue française. Pierre n’est pas grand. La pêche que je tiens est bonne. Voilà des propositions, des énoncés de jugemens. Dans le premier, l’idée Pierre et celle n’être pas grand, dans le second, l’idée la pêche que je tiens et