Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/46

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Peut-être sera-t-on étonné de me voir regarder comme de purs noms d’idées, ces phrases déjà si composées n’être pas grand, la pêche que je tiens, être bonne, etc. Cependant qu’on se rappelle ce que nous avons dit dans notre première partie[1] au sujet de cette longue phrase, l’homme qui découvre une vérité, est utile à l’humanité toute entière, on verra que dans celle-ci n’être pas grand, ce n’est pas seulement de l’idée être qu’il s’agit ; c’est de l’idée être modifiée d’une certaine manière qui consiste à être grand et prise négativement. Être grand négativement, ou n’être pas grand, est donc une seule idée composée, qui n’ayant pas de nom propre, est exprimée par trois ou quatre mots combinés ; mais qui n’en est pas moins une idée unique. Peut-être que dans certaines langues de gestes plus pauvres que notre langue parlée, elle serait exprimée par un seul signe ; mais cela n’y changerait rien. De même l’idée, la pêche que je tiens, n’est pas seulement l’idée pêche, individuelle d’abord, devenue générale par abstraction, comme nous l’avons vu ailleurs ;

  1. Chap. 4, p. 58.