Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/49

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eux ou à nous, car ce sont là des circonstances de ces idées.

Il y a plus ; on doit se ressouvenir que toutes nos perceptions, excepté les pures sensations, sont des idées composées, c’est-à-dire, des idées à la formation desquelles ont concouru plusieurs de nos facultés intellectuelles élémentaires ; et on peut se rappeler comment nous formons ces idées composées. Je reçois la sensation de résistance, je juge qu’elle me vient d’un être quelconque ; je forme l’idée d’un être résistant, d’un corps : je juge que cet être est rond, est rouge, est le fruit d’un arbre, est acide, est bon à manger, etc. Je forme l’idée d’une cerise. Mais sans tous ces jugemens, je n’aurais point formé ces deux idées corps et cerise. Ainsi, sans la faculté de juger, nous n’aurions pas même d’idées à communiquer, excepté nos simples sensations ; à plus forte raison nous n’en aurions ni le projet ni les moyens.

Ajoutons à tout ceci encore une remarque, qui va nous conduire à bien d’autres observations. Nous avons dit que le discours pouvait être composé de propositions, ou de noms d’idées sans liaison ;