Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/71

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dire, regardés comme exprimant des idées ayant une existence propre et absolue.

J’ai dit que c’est assez mal-à-propos, que l’on appelle les noms, des substantifs. en effet, l’on voit bien que ces deux mots substantifs

et substantivement, dérivent l’un et l’autre du mot et de l’idée substance. ce sont des conséquences de cette mauvaise philosophie, qui faisait supposer que sous les impressions que nous recevons des êtres réels, et qui sont les seules choses que nous en connaissions, il y a un soutien,

un substratum, une substance inconnue, en bon français un je ne sais quoi, qui constitue l’existence réelle et nécessaire de ces êtres, et dont les phénomènes sensibles ne sont que les accidens. Aujourd’hui nous savons que ce qui nous assure l’existence d’êtres autres que nous, c’est leur résistance à notre volonté réduite en acte ; que c’est cette propriété fondamentale qui constitue non pas la substance, (rien ne nous apprend qu’il y en ait une), mais la nature et la réalité de ces êtres ; que c’est elle qui fait que nous ne pouvons pas prendre pour des manières d’êtres spontanées de nôtre moi, les impressions que ces êtres nous causent ; et qu’enfin c’est