Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/93

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expliqué les caractères et les fonctions des noms en général. Mais, parmi les noms ou sujets de propositions, on en remarque trois dans toutes les langues, qui sont analogues à ceux-ci, je, tu, et il. ils méritent une attention particulière. Plusieurs grammairiens les appellent les noms des personnes ; d’autres disent que ce sont des pronoms personnels. Examinons ces dénominations.

Premièrement, il me paaît bien clair que je, tu,

et il, ne sont pas précisément de vrais noms.

Car le propre d’un nom est de ne convenir qu’à une seule idée dont il est le signe et l’étiquette, et dont il rappelle la formation et la composition : et il ne peut jamais en représenter une autre, sans induire à erreur. je, au contraire, est successivement le nom de toutes les personnes qui parlent ; tu, celui de toutes les personnes à qui on parle ; et il,

celui de toutes les personnes et de toutes les choses dont on parle. De plus, ces mots ne représentent point proprement, ne peignent point toutes ces personnes et ces choses ; ils ne nous apprennent rien d’elles, que leur rapport avec l’acte de la parole ; et c’est même pour cela, qu’ils conviennent successivement à toutes celles pour qui ce