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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/239

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elle n’explique rien. Elle impose au contraire la nécessité de l’expliquer elle-même. Or nous ne connaissons ce que nous appelons notre moi que par les impressions que nous éprouvons ; il n’existe pour nous (ou nous n’existons) que dans ces impressions, comme nous ne connaissons les autres êtres que par les impressions qu’ils nous causent, et ils ne consistent pour nous que dans la réunion de ces impressions. Comment donc concevoir et expliquer un sentiment de conscience en général existant sans se rapporter à rien en particulier, et ne consistant dans la conscience d’aucune impression spéciale ? C’est évidemment là une abstraction personnifiée comme les formes substantielles, les formes plastiques, en un mot, comme tout ce qu’il y a de plus creux et de plus vide de sens. Ces non-sens

sont trop fréquens dans les philosophes. Souvent on ne les démêle pas ; et on ne les distingue pas des