Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/241

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les résultats de ces perceptions par des signes, pour qu’ils deviennent de nouvelles perceptions durables dont je puisse faire de nouvelles combinaisons. Je n’ai voulu qu’exposer le fait, c’est que j’ai été affecté, et que j’ai vu dans cette affection qu’elle est ce que nous nommons agréable. je n’ai pu l’exposer ce fait qu’avec les mots que nous avons, car si nous ne les avions pas, je ne pourrais que le sentir et non pas le dire. Dès que je puis le dire, il est donc inévitable que je le dise avec des développemens qu’il n’avait pas dans mon esprit, dans le temps où il est supposé être arrivé. Mais c’est une circonstance dont tout lecteur doit tenir compte, quand celui qui lui parle l’en fait souvenir. Ainsi personne ne peut me nier qu’après avoir eu une sensation et le souvenir de cette sensation, il ne soit en nous de faire ce que nous appelons juger ou sentir que cette sensation est agréable.

je demande, non pas qu’on me pardonne, mais qu’on m’applaudisse de tant insister sur ces premiers pas les plus difficiles de tous. C’est absolument nécessaire quand on aspire à faire, pour guider la raison, une logique qui n’en soit pas dépourvue elle-même. Il est bien aisé de bâtir des systèmes entiers de philosophie,