Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/254

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de vouloir ; c’est que l’existence et la réalité de ces êtres consistent à affecter cette faculté de sentir, et surtout à résister à cette faculté de vouloir, et à produire le même effet sur d’autres êtres sentans dans les momens où ils cessent de nous affecter ; c’est qu’un de ces êtres est celui que nous appelons notre corps, parce qu’il coopère à notre faculté de sentir, obéit à notre faculté de vouloir, et fait partie de notre moi, quand ce moi devient pour nous un être composé de beaucoup de propriétés diverses. Chacun de nous est persuadé de cela ; et malgré les subtilités de certains philosophes, personne n’en doute sincèrement. Ce qui est également indubitable, c’est que nous apprenons tous à porter ces jugemens dès les premiers momens de notre existence ; car aucun de nous ne se souvient de l’avoir appris. Ce qui me paraît encore incontestable, c’est que la sensation que nous cause le mouvement de nos membres exécuté en conséquence du desir vague de nous remuer, est très-propre et suffisante à nous faire porter légitimement ce jugement : c’est pour cela que je l’ai choisie de préférence pour exemple, dans cet exposé de l’origine et de la formation de nos idées. Ensuite si l’on veut absolument que nos autres sensations soient capables de