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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/265

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qu’elle et ses différens modes, et nous ne nous doutions pas qu’elle eût la moindre relation à rien, puisque nous ne savions pas qu’il existât autre chose qu’elle. Mais à dater de cet instant, nous voyons que nos pensées ne sont pas uniquement nos propres modifications, qu’elles sont aussi des effets de propriétés appartenant à d’autres êtres, et des conséquences de ces propriétés ; et que par suite elles doivent pour être justes, non-seulement être bien liées entr’elles, mais encore être bien conformes à l’existence réelle de ces êtres qui en ont une propre à eux, et que nous ne pouvons pas changer puisqu’elle est totalement distincte et indépendante de la nôtre. Il semble au premier coup-d’œil que cette nouvelle circonstance doit produire de grands changemens dans la manière de procéder de notre esprit ; qu’il va falloir apporter beaucoup de restrictions à notre principe que l’imperfection de nos souvenirs est la seule cause de nos erreurs ; et qu’il y aura une grande différence entre bien enchaîner nos propres perceptions et bien raisonner sur l’existence réelle des êtres étrangers à nous. Cependant cette différence n’est qu’apparente, comme on va le voir. En effet, supposons pour un moment qu’il