Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/296

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de l’être animé, quel qu’il soit. Il sent et il juge ; c’est-à-dire encore que ce qu’il avait d’abord senti en masse, il le sent ensuite en détail. S’il ne voit dans sa perception que ce qui y était renfermé, il a raison. S’il y voit ce qui n’y était pas, il n’a pas tort encore ; seulement il a changé de perception sans s’en appercevoir ; et c’est là la cause de toutes ses erreurs ; car alors il ne juge plus de ce dont il croit juger ; ses jugemens ne sont plus enchaînés ; et ils ne dérivent plus sans interruption de ce premier jugement, source de toute vérité, je suis sûr de ce que je sens. tous ceux au contraire qui y sont bien liés sont également indubitables, ils n’en sont que des développemens. Chacun de ces innombrables jugemens, vrais ou faux, forme dans l’entendement une idée différente ; car à chaque fois que l’on voit dans une idée un élément que l’on n’y avait pas encore vu, elle devient autre qu’elle n’était ; elle devient une idée nouvelle. Si cet élément y était déjà renfermé implicitement, l’idée nouvelle est juste et vraie ; elle est conséquente aux idées vraies qui l’ont précédée, et par suite nécessairement conforme à la nature des êtres dont elles émanent. Si au contraire le nouvel élément admis dans l’idée n’est pas une consé