Bacon et l’immense projet qu’il a osé concevoir : on n’en saurait douter ; car il n’y a presque pas un mot dans tout ce que je viens d’énoncer qui ne se trouve dans quelqu’un de ses écrits : et on peut même dire que tout le discours que je lui ai attribué n’est guères qu’un extrait de la magnifique préface qu’il a mise à la tête de son immortel ouvrage de l’instauratio magna
; à cela près cependant que
je le fais s’exprimer sur quelques principes idéologiques et logiques, avec plus de précision qu’il ne l’a fait, et comme s’il était entré fort avant dans la route qu’il n’a fait qu’indiquer. Il fallait qu’un tel homme s’élevât parmi nous pour que le genre humain sortît de la mauvaise route dans laquelle il était engagé, non pas depuis son origine, comme on le dit souvent mal-à-propos, mais depuis qu’il avait commencé à systématiser mal-adroitement ses connaissances. Car Condillac a très-bien observé que les premières recherches de chaque homme, et par suite celles de l’espèce prise en masse, sont toujours conformes à la marche de la nature et parconséquent dans une bonne direction. Ce n’est qu’en avançant, et lorsqu’il commence à généraliser ses idées, que l’homme commence à s’égarer. Il perd alors de vue l’empreinte de ses premiers pas. Il fallait qu’un vé