Heureusement il est inutile aujourd’hui d’insister sur de pareils rêves, qui ont rempli les têtes pendant tant de temps.
Il nous est aisé de voir, en nous regardant nous-mêmes, que toutes ces idées se forment facilement en nous, par les seules opérations de sentir et de juger ; que ce sont autant de composés et de surcomposés d’un petit nombre d’élémens primitifs, nos simples sensations, lesquelles, quoique assez peu diversifiées, fournissent une quantité vraiment infinie de combinaisons, à peu près comme trente ou quarante caractères suffisent à la formation de tous les mots imaginables de toutes les langues parlées possibles ; et ce qui complète la démonstration, c’est que dans cette multitude innombrable d’idées, il nous est absolument impossible d’en découvrir une qui n’ait pas son origine plus ou moins éloignée dans ces sensations, et qu’au contraire il nous est tout aussi