puissance as-tu ? Je voyais ma Rose là devant moi ; sa tête aux cheveux blonds fortement serrée entre mes deux mains, je mettais des baisers de feu sur ses joues, sa bouche, ses yeux.
Je ne pus entrer dans mon appartement que le lundi, 4 avril. Je passai les quelques jours qui précédèrent chez madame Amanda avec qui j’aimais à causer de Montréal, de nos amis communs et surtout de ma fiancée. Madame Amanda ne tarissait pas à louanger sa sœur qu’elle aimait tendrement, et moi j’aimais à entendre cette bonne amie me redire les belles qualités que possédait celle pour qui jamais amour plus ardent n’avait soupiré. Chez Madame Amanda, je m’asseyais près de la fenêtre de la salle à manger, parce que de là la vue embrassait facilement la perspective des deux principales rues des environs où je voyais le va-et-vient continuel des piétons et des voitures. Mais la foule qui cheminait dans un sens ou l’autre ne m’intéressait pas. Seul le facteur avec son paquet de lettres occupait ma pensée ; et c’était surtout à l’heure qu’il devait passer que j’allais prendre ma place près de la fenêtre. Tous les jours, l’avant-midi et l’après-midi, j’exécutais la même manœuvre. Le samedi matin, à l’heure habituelle de la tournée du facteur, j’étais à mon poste, plus impatient que jamais. Je soutenais mal la conversation avec madame Amanda. J’étais distrait, mes regards se dirigeaient continuellement vers le coin de la rue d’où pouvait venir le facteur. Tout à coup je le vis apparaître et se diriger vers la maison. Le cœur me bat très fortement ; je me lève et je cours à la porte. Enfin, je vais recevoir