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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/118

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L’AMOUR NE MEURT PAS

toi avec une dévotion fervente. Probablement que toi-même, en ce moment, tu priais pour moi devant le Saint-Sacrement exposé dans les sanctuaires de Montréal.

Vendredi, 8 avril, 6½ hrs p.m. — Il faut avoir beaucoup de courage et un noble but à atteindre pour attendre vainement des patients qui ne veulent pas de moi. Cependant cet après-midi pendant mon absence, quelqu’un a frappé à ma porte ; malheureusement je n’avais pas laissé ma clef à ma maîtresse de pension, aussi ignore-t-elle qui est venu. Est-ce un passant égaré, un mendiant, un colporteur ou un patient ? Il faut si peu pour me donner des espérances ou des illusions que je crois que mon étoile finira par briller un jour. Ce soir, ma bonne Rose, je suis plus gai. J’ai rencontré plusieurs bons amis qui m’ont promis leur protection et leur aide. Ils promettent de tout faire pour assurer mon succès. On va tout d’abord me donner l’office de rédacteur de l’Étoile pour me permettre de subvenir à mes besoins en attendant la clientèle, office que je ne remplirai plus tard qu’à temps perdu…

Te souviens-tu, chère Rose, des fleurs jaunes que tu portais à ton corsage, dans les soirées à Montréal ? Tu en avais détaché trois pour les épingler à mon habit ; je les avais conservées précieusement et aujourd’hui je les ai suspendues dans mon bureau entre tes deux portraits. Et toi, conserves-tu toujours le petit bouquet que je portais un soir à ma boutonnière et que je t’avais remis en te quittant ?…

(Je retrouve en 1930 ces deux petits bouquets. Le premier est pressé entre les lettres que m’envoyait ma