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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/169

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L’AMOUR NE MEURT PAS

toute la nuit, preuve que tu seras ma petite femme un jour. Je t’enverrai demain un petit morceau de ce gâteau qui a passé dans l’anneau de la mariée. Tu le mangeras pour rêver à ton Elphège. Prends garde de voir en songe un autre homme que ton Elphège, si tu aimes ma vie et si tu y tiens… J’ai reçu ce soir un numéro de L’Étoile où le triste sire à la fameuse lettre du doyen m’assène des coups capables d’assommer tout autre que moi. Je recevais, par le même courrier, une lettre de mes amis qui me conseillent de ne pas m’occuper des aboiements de ce dogue sans crocs. C’est un personnage détestable qui a l’habitude de recevoir sur le nez les crachats qu’il lance en l’air. Loin de le prendre au sérieux, on se moque de lui. Je ne lui prêterai certainement pas plus d’attention qu’il en mérite, et je vais garder à son égard un silence absolu, ne serait-ce que pour l’irriter davantage et me donner plus de popularité à Lowell. Que ce numéro de L’Étoile ne te chagrine pas et surtout qu’il ne t’effraie pas. Je prévoyais, avant de partir pour Lowell, le sort qui m’attendait dans cette ville. J’y avais réfléchi depuis longtemps et je partais dans un double but : apprendre la vie avant de m’y lancer pour de bon le temps venu, et puis obéir au désir que tu manifestais de me voir tenter une épreuve qui devait avoir tant de retentissement heureux dans mon avenir. Ne te reproche jamais ce désir, car je suis heureux de t’avoir obéi, parce que Lowell a été et sera encore l’école où j’apprends à lutter et à vaincre. Qu’aurais-je été sans toi, Rose tendrement aimée ? Si je ne t’avais rencontrée, ma vie se serait écoulée comme le fleuve qui promène