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L’AMOUR NE MEURT PAS

récréation dont ils nous auraient privés complètement si nous ne leur avions indiqué, par ce frottement de pieds sur le parquet que connaissent encore les étudiants d’aujourd’hui, qu’il était temps pour eux de se retirer.

Enfin le cours de quatre heures est terminé quoique tardivement. Nous prenons notre course vers le corridor et la porte pour jouir enfin de quelques minutes de répit. L’autre cours va sonner, hélas ! peu importe, c’est une habitude, un repos, un délassement. Il faut voir passer de jolis minois, ne fût-ce qu’un instant. Et qui sait si je ne verrai pas celles que j’attends depuis déjà si longtemps. Nous mettons le pied sur le seuil de la porte juste au moment où un groupe de jeunes filles passe devant l’université. Mon ami Joseph Édouard a tout juste le temps de me pousser du coude ; il lève le bras, porte la main à son chapeau qu’il enlève d’un geste gracieux. Je salue de même. J’ai compris : ce sont elles ! elles, enfin arrivées. Elles passent et je les vois aller, toutes deux grandes, élégantes dans leurs toilettes ajustées. Je les vois à peine et je préfère déjà l’une d’elles : la plus grande. J’admire sa taille, sa démarche, la couleur de ses cheveux et que sais-je encore ? Tout l’ensemble me frappe, m’éblouit ; pourquoi ? Je ne sais. Je ne lui ai pas vu la figure ; je ne connais pas la couleur de ses yeux. Sont-ils doux, sévères, bleus, bruns, noirs ? Quel est son teint, son expression ? Sa bouche est-elle souriante, ses dents sont-elles belles ? Je n’en sais rien, je ne me le demande même pas. C’est elle que je vois ; je ne vois plus sa compagne. Je voudrais déjà m’attacher à ses pas, la suivre partout. Elle a pour moi l’attraction