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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/260

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L’AMOUR NE MEURT PAS

cherche à rendre plus chaleureux que les miens. Avec quel plaisir je reçois ses lettres ! Avec quelle joie je lui réponds. Je me revois encore à St-Césaire dans mon bureau, assis en face de ma table recouverte d’un beau tapis en drap fleuri. Devant moi deux grandes fenêtres, aux rideaux en dentelles, donnent sur le chemin principal où je vois de ma place circuler les voitures et les piétons. L’animation est grande, surtout les jours de marché, dans les halles presque en face de mon bureau. Je revois aussi, quand j’étudiais, que j’annotais mes livres ou que j’écrivais à ma douce fiancée, la petite Minouche rentrer tout doucement, sans faire de bruit, fermer mes livres, m’enlever ma plume et me taquiner par ses bons mots et se mettre à jouer, comme une petite chatte, avec les bibelots de ma table. Son petit minois est gracieux et espiègle. Elle est gentille, la petite enfant et je l’aime comme on aime la jeunesse qui folâtre. Je revois aussi sa sœur aînée qui, sous prétexte de me débarrasser de l’enfant qui m’importune, rentre dans mon bureau et la renvoie comme on chasse une petite chatte avec des petites tapes caressantes. Et la grande sœur, s’appuyant sur le coin de la table se met à causer. Elle est charmante, elle aussi ; elle prend la photographie de ma Rose dont elle admire les traits réguliers ; elle me vante son doux regard et son gracieux sourire. C’est une entrée en matière agréable ; puis elle continue à me parler de mes auteurs favoris qu’elle semble connaître aussi bien que moi, et puis, elle s’en va de son pas lent et glissant comme celui d’une religieuse. Elle est partie, la sœur aînée, pour laisser la place à une autre pensionnaire, une veuve,