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CHAPITRE XVI

désespoir — doutes — l’amour vit toujours.


Après notre mariage, nous retournâmes à St-Césaire où nous sommes restés encore trois mois, pour revenir ensuite établir nos pénates à Montréal où nous entrevoyions un avenir moins modeste et peut-être plus brillant. On a dit des peuples heureux qu’ils n’ont pas d’histoire, notre vie de conjoints n’en a pas eu plus, excepté celle d’un bonheur parfait et continuel. Mais, hélas ! nous étions mortels et, comme tels, sujets du malheur, aussi nous fallut-il trop souvent payer cher le bonheur de nous aimer tendrement, sans partage. La mort a exigé trop souvent un tribut pour tout le bonheur que notre amour nous donnait. Seule la mort nous blessait et nous écrasait et ses blessures étaient longtemps saignantes. Les seules larmes que nous ayons versées le furent sur les petites tombes qui ont jalonné notre route dans la vie. Oui, nos seules larmes sont tombées sur ces tertres funéraires qui marquent les seules époques douloureuses de notre vie. Oh ! la mort, la mort ! pourquoi doit-elle toujours et sans cesse étendre les ombres de ses mains et de son manteau comme un nuage épais qui passe et repasse au-dessus de la vallée où coule notre vie ? Ô mort, jalouse du bonheur des humains, pourquoi frappes-tu sans cesse et fauches-tu sans merci ? Ne nous avais-tu pas assez éprouvés en refermant trois petites tombes sur nos trois petits enfants encore dans