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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/276

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L’AMOUR NE MEURT PAS

à t’adorer. Peut-on comprendre maintenant pourquoi, moi qui ai aimé autant qu’on peut aimer, je ne veuille plus et ne puisse plus vivre seul sur la terre. Oh ! laissez-moi demander à tout instant à Ma Rose de venir me chercher bientôt. Laissez-moi implorer la mort ; je la verrai venir avec quiétude et douceur, parce qu’elle sonnera pour moi l’heure de la délivrance, la fin de mon isolement et de mon exil. Je ne peux plus vivre sans ma Rose.


Pendant les quatre ou cinq mois qui ont suivi la mort de ma Rose, je fus tellement affaissé, tellement accablé, démoralisé, anéanti que je ne pouvais pas comprendre que celle qui m’avait tant aimé et que j’avais tant aimée pût ne plus exister, qu’elle ne fût plus dans ma vie et que je ne fusse plus dans la sienne. Comment avions-nous pu nous séparer ? Comment se pouvait-il que nous ne fussions pas partis ensemble comme nous avions toujours vécu ensemble, sans jamais nous séparer un seul instant ? Nous nous étions tant aimés dans un bonheur toujours si parfait que nous n’avions jamais pensé ou cru que nous pouvions un jour être séparés. Heureux ceux qui ont le même trépas et le même tombeau après avoir toujours eu le même amour ardent sous le même toit paisible. Elle de moins dans ma vie et je n’étais plus rien, rien qu’une ombre. Je la cherchais partout ; je l’appelais sans cesse et je l’entendais m’appeler. Sa voix, dans mon imagination, répondait-elle comme un écho des anciens jours, ou sa voix m’arrivait-elle du néant ? Mais le néant, qu’est-ce ? Et je me disais :