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MA SOUFFRANCE…


Ma souffrance n’est pas de celles qu’on diffame
Ni de celles que trompe un facile plaisir ;
Elle a le front de ceux qui vivent sans désir
Et ne s’endort jamais sur l’épaule des femmes.

L’Orgueil qui la nourrit sans cesse de sa flamme
Et fait luire à ses yeux tous les trésors d’Ophir
L’exalte à des sommets pénibles à gravir
Qui menacent l’azur natal qu’elle réclame.

Mais les plus fiers essors sont captifs de Demain,
Et farouche, impuissant et cruel, de ces mains
Frémissantes encor d’avoir tenu la Lyre,

J’offre au ciel fulgurant qui châtia Sodome,
Et voua Prométhée à l’éternel martyre,
L’invincible douleur de ne rester qu’un homme.

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