misérable ! qu’on m’aille quérir le marchand de prunes ! qu’on lui coupe le nez & les oreilles ! qu’on l’écorche ! qu’on le brûle à petit feu & qu’on sème ses cendres au vent ! Ah ! j’en mourrai de honte & de désespoir. »
Ses femmes accoururent à ses cris & se mirent toutes après ses cornes pour les lui enlever, mais vainement. Elles ne parvinrent qu’à lui donner un violent mal de tête.
Le monarque alors fit annoncer à son de trompe que la main de sa fille appartiendrait à quiconque réussirait à la délivrer de son étrange coiffure.
Tous les médecins, tous les sorciers, tous les rebouteurs des Pays-Bas & des contrées voisines vinrent à la file proposer leurs remèdes. Les uns voulaient macérer, ramollir & dissoudre l’appendice au moyen d’eaux, d’onguents ou de pilules ; les autres essayaient de le couper ou de le scier. Rien n’y fit.
Le nombre des essayeurs fut si grand & la princesse souffrait tellement de leurs expériences que le roi dut déclarer, par une seconde proclamation, que quiconque se proposerait pour guérir la princesse & échouerait dans son entreprise, serait pendu haut & court.
Mais la récompense était trop belle pour que l’élan universel pût être arrêté par une semblable perspective.