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Contes d’un buveur de bière

Ah ! Satan ! que je suis misérable !

— Pas encore assez ! cria une voix. Ta cruauté te coûtera la vie ! »

C’était l’éternel misseron qui se tenait en dehors, sur l’appui de la fenêtre. Tafarot bondit comme un chat en furie, saisit un escabeau & le lança dans les vitres qui volèrent en éclats.

Le blanc misseron eut l’audace d’entrer dans la chambre. Le brasseur lui jeta tout ce qui lui vint sous la main : les poêlons, les casseroles, les plats, les assiettes, les chaises & les bancs, sans pouvoir l’atteindre.

Il finit pourtant par l’attraper.

« Tords-lui le cou ! dit sa femme qui craignait de voir souffrir le petit animal.

— Non ! fit Tafarot écumant de rage, il en serait quitte à trop bon marché. Nous allons d’abord lui apprendre à chanter, en lui brûlant les yeux comme aux pinsons ; puis nous lui arracherons une à une les plumes, les ailes & les pattes. Mets le tisonnier au feu. »

Raclette obéit. Quand le tisonnier fut rouge, son mari lui commanda de l’approcher. Il sentait avec délices le pauvre oiseau palpiter dans ses mains.

Soudain le blanc misseron leva la tête & cria de toute sa force : « Brasseur, il t’en coûtera la vie ! »