férents tours de gobelets, au grand ébahissement des villageois d’Erchin, gens primitifs & encore peu civilisés. Outre ses muscades, il escamota des florins, des bagues, des montres d’argent, & jusqu’au canari de Marie-Joseph, l’hôtesse du Bon Couvet, qu’on retrouva dans le chapeau du mayeur Sans-Souci.
« Tu n’es mie manchot, fieu, dit le mayeur en clignant de l’œil, mais j’ai idée que tu étais encore plus adroit, quand tu escamotais les canards des gens à leur barbe.
— Vous m’avez donc reconnu, mayeur ? fit la Guerliche, car c’était lui.
— Parbleu !
— Et vous avez toujours vos canards sur le cœur ?
— Toujours. Tu n’as qu’un moyen de me les faire digérer, c’eſt de nous montrer le plus beau tour de ta gibecière.
— Celui que je réserve pour les têtes couronnées ? Suffit notre maître. Que voulez-vous qu’on vous effarouche ? Bêtes ou gens ? Parlez, on va vous servir.
— Eh bien ! voilà Toine Balou, notre berger, qui s’en va paître ses moutons autour du bosquet de la Chapelle. Te sens-tu de force à lui escamoter quelque chose ?
— Son troupeau, si vous le voulez.