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Les Muscades de la Guerliche


iv


Quand la Guerliche fut près de sauter le pas, « ayant pris femme, se dit-il, & fait, par conséquent, son purgatoire sur terre, j’ai toutes les chances d’aller en paradis. Mais le métier d’escamoteur n’y mène point directement, pas plus que celui de meunier. Je crains bien d’être forcé de gagner ma place par un dernier tour d’escamotage. Réfléchissons. La chose en vaut la peine. »

Et il enfonça sa tête dans l’oreiller.

C’était juſtement la Saint-Sylveſtre, veille du jour de l’an, & on faisait des gaufres dans toutes les maisons d’Erchin. Au bout d’un petit quart d’heure :

« Femme, dit la Guerliche, pourquoi ne me fais-tu point des gaufres, comme d’habitude ?

— Des gaufres ! Jésus Maria ! quand tu ne peux même plus avaler ta salive !

— N’importe ! Si je ne les mange point, tu les fourreras dans mon cercueil. »

La meunière obéit, &, pendant qu’on disait les prières des agonisants, elle pétrit ensemble de la