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Contes d’un buveur de bière

point la peine de se lever &, reſta au soleil, sur le sable, attendant la Mort.

La Mort parut.

« Que fais-tu là, mon fils, lui dit-il.

— Je vous attends, mon parrain.

— Pourquoi faire ?

— Pour me conduire vers ma princesse.

— Mais ton heure n’eſt point venue.

— Je saurai bien l’avancer.

— Et comment ? Tu vois bien que la mer n’a point voulu de toi.

— Je connais un monſtre plus vorace.

— Quel eſt-il ?

— La faim ! L’homme eſt libre de ne point alimenter sa lampe ! »

Le vieux faucheur tressaillit. Il adorait son filleul & ne pouvait se faire à l’idée de le perdre si tôt.

Il se fâcha, pria, pleura, supplia : son filleul reſta inébranlable.

« Voyons, malheureux enfant, dit-il enfin, parle ; qu’exiges-tu de moi ? »

Macaber ne répondit point.

« Veux-tu de l’or ? veux-tu un boisseau de diamants ?

— Pouvez-vous faire revivre ma princesse ?

— Tu sais bien que ce n’eſt point mon métier ressusciter les gens.