ii
Une nuit qu’il pleuvait à verse, Wilbaux, sans en rien dire à sa femme, retourna à la place où il avait rencontré Belzébuth ; mais bien qu’il fît un temps de tous les diables, le nôtre ne s’y promenait point.
Antoine résolut alors de l’obliger à paraître, &, pour cela, il eut recours à la toute-puissante cabale de la Noire Glaine, selon qu’elle eſt enseignée dans le Véritable Dragon rouge, ou l’Art de commander aux esprits céleſtes, terreſtres & infernaux.
Il alla, à onze heures du soir, chercher une jeune glaine, — comme qui dirait une poulette, — noire & qui n’avait jamais pondu ; il eut soin de la prendre par le cou, sans la faire crier ; il se rendit ensuite à l’endroit où les deux routes se croisent.
Là, à minuit sonnant, il traça un rond avec une baguette de cyprès, se mit au milieu, & fendit la bête en deux, en répétant par trois fois : « Eloïm ! Essaïm ! »
Une flamme sortit de terre & Belzébuth parut.
« Que me veux-tu ? dit-il.