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La Chandelle des Rois

— Que voulez-vous ? demanda Françoise qui commençait à trembler.

— Je veux cette enfant qui m’appartient.

— Ma fille !… »

Et la mère s’élança vers le berceau.

« Censier, dit Belzébuth, commande à ta femme de reſter coite, sinon… »

Antoine garda le silence, & Françoise, les yeux étincelants, se tint devant sa fille, comme une lionne protégeant son lionceau.

« Eſt-il vrai, demanda le Maudit, que tu as promis de me donner ta fille si je te laissais achever ta grange ?

— C’eſt vrai, répondit Wilbaux d’une voix étouffée.

— Mais je n’ai rien promis, moi ! dit Françoise, & l’enfant eſt à la mère comme au père.

— L’homme eſt le maître, répliqua Belzébuth. Dépêchons, je suis pressé. »

Et il fit un pas en avant.

Françoise vit que toute résiſtance était inutile.

« Oh ! par pitié ! s’écria-t-elle en joignant les mains, laissez-moi mon enfant !

— Non.

— Rien que jusqu’à demain.

— Non.

— Inspire-moi, Seigneur ! » dit tout bas la pauvre mère.