point de plus précieuses que les larmes d’une mère. Si tu veux me donner tous les pleurs de tes yeux, je te porterai jusqu’au royaume des Pays-Bas. »
La malheureuse femme n’avait que trop envie de pleurer, en songeant qu’elle n’arriverait jamais à temps.
Elle s’assit sur le rivage, & ses larmes coulèrent silencieusement dans les flots, où elles se changèrent en perles du plus grand prix.
Elle pleura tant que ses yeux s’éteignirent & qu’elle devint aveugle. Alors l’Océan la souleva comme si elle eût été dans une barque & la porta au rivage opposé, dans le royaume des Pays-Bas.
La pauvre aveugle s’en fut à tâtons par la campagne, — bien trille, mais non désespérée.
« Où allez-vous ainsi, seule & sans y voir ? lui dit une vieille femme.
— Je vais chez la princesse des Pays-Bas, répondit Françoise.
— Quelle princesse ?
— La princesse Gillette.
— Vous voulez dire la reine. Le roi eſt trépassé depuis trois jours, & son fils lui a succédé sur le trône.
— Seigneur ! Seigneur ! fais que j’arrive bientôt, murmura Françoise, car le danger croît d’heure en heure. »