chien, qui s’appelait Faro, & pour tout bien qu’un bâton & une besace, que trop souvent elle rapportait aux trois quarts vide.
La vérité eſt de dire cependant qu’elle possédait encore dans un petit closeau, derrière sa hutte, un arbre, un seul. Cet arbre était un poirier si beau qu’on ne vit jamais rien de tel depuis le fameux pommier du paradis terreſtre.
Le seul plaisir que Misère goûtât en ce monde était de manger des fruits de son jardin, c’eſt-à-dire de son poirier ; malheureusement, les garçonnets du village venaient marauder dans son clos.
Tous les jours que Dieu fait, Misère allait quêter avec Faro ; mais à l’automne Faro reſtait à la maison pour garder les poires, & c’était un crève-cœur pour tous les deux, car la pauvre femme & le pauvre chien s’aimaient de grande amitié.
ii
Or, il vint un hiver où, deux mois durant, il gela à pierre fendre. Il chut ensuite tant de neige que les loups quittèrent les bois & entrèrent dans les maisons. Ce fut une terrible désolation