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Contes d’un buveur de bière


Aussitôt le juge de sauter comme un gigantesque pantin.

« Qué… qué… qu’eſt-ce que j’ai donc ? » disait-il, & rien n’était bouffon comme la mine furieuse avec laquelle il gigotait.

Tous les Fresnois s’attroupèrent en se tenant les côtes de rire.


Ah ! c’ cadet-là quel nez qu’il a !


joua alors le carillon, & deux cents voix chantèrent en chœur :


Ah ! c’ cadet-là quel nez qu’il a !


tant que le danseur tomba par terre, épuisé & hors d’haleine. Le carillon se tut.

Comme Jocko se plaignait d’une soif horrible, on lui apporta une chope de bière qu’il vida d’un trait.

Ayant toujours aimé hausser le coude, il en but une seconde, puis une troisième, puis une foule d’autres avec ses bons amis les Fresnois.

À force de boire, il oublia complètement sa mission, & quand, vers la cinquantième chope, les têtes s’échauffèrent & que les houblons commencèrent, comme on dit chez nous, à dépasser les perches, il fut saisi tout à coup d’un accès de gaieté folle.