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Page:Deulin - Contes d’un buveur de bière, 1868.djvu/56

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Contes d’un buveur de bière

pipe, — car je suis votre père, de même que madame la Paresse eſt votre mère, — je veux bien condescendre à ce que désormais nous fassions ménage ensemble, mais en ce cas il eſt bon de choisir sur-le-champ notre demeure. D’abord il me paraît que des gens de notre rang ne doivent point se loger à l’auberge comme une troupe de saltimbanques.

— D’autant plus que cela nous coûterait de l’argent, remarqua judicieusement l’Avarice.

— Et qu’il faudrait prendre la peine d’en gagner, ajouta la Paresse.

— Donc, choisissons, reprit l’Orgueil, une honnête maison où l’on puisse nous héberger gratuitement, & avec toute la considération qu’on doit à des personnes de notre condition.

— Par la double bière des Pays-Bas ! s’écria la Gourmandise, voici juſtement M. le bourgmeſtre qui vient digérer en fumant sa pipe. Si nous lui demandions l’hospitalité ? M’eſt avis que nous serons royalement chez lui, à en juger par sa panse.

— Parlez pour vous, ma belle, siffla l’Envie. Quel contentement voulez-vous que j’aie chez un mynherr qui eſt le plus gros bonnet de l’endroit & qui voit tout le monde à ses pieds ? Suivons plutôt ce bon paysan dont les os carillonnent sous sa jaquette & qui louche en regardant de ce côté.

— Un joli hôte, ma foi ! vociféra la Colère. Un