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Page:Deulin - Contes d’un buveur de bière, 1868.djvu/76

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Contes d’un buveur de bière

— Lève-la toi-même.

Le revenant obéit ; & Gilles vit trois larges pots remplis de louis d’or.

« Voilà, dit le fantôme, la cause de mes tourments. J’ai dérobé jadis une partie de cet or au comte de Hainaut, & mon âme eſt condamnée à hanter ce château jusqu’à ce qu’elle ait reſtitué. Porte-lui donc ces deux pots, garde le troisième pour toi, & puisses-tu n’en point mésuser ! »

Culotte-Verte se gratta l’oreille comme quelqu’un qui réfléchit. Il pensait au faux revenant qu’il avait expédié dans l’autre monde.

« Pouvez-vous me dire, demanda-t-il, ce qu’on fait en enfer à ceux qui ont un meurtre sur la conscience ?

— S’ils ne l’ont point payé de leur vie, ils sont condamnés à errer durant toute l’éternité avec leur tête sous le bras.

— Diable !… ce n’eſt pas commode… Ont-ils un moyen de se racheter de leur vivant ?

— Oui, un seul.

— Et c’eſt ?…

— De sauver quelqu’un d’une mort inévitable.

— Merci, notre maître, dit Culotte-Verte ; vous êtes un brave homme & je ferai votre commission. Remontons là-haut. »

Mais soudain « Coquerico ! » Chanteclair annonça le point du jour & le fantôme disparut.