Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
Les Contes de ma Mère l’Oye.


III


Traiter les contes de fées en vers, les relever, comme on disait, par la poésie, c’était une entreprise difficile, et il ne suffisait pas pour faire absoudre l’auteur d’alléguer l’utilité morale de semblables bagatelles. Perrault le sentait, et d’ailleurs le critique anonyme du recueil de Moëtjens le lui signifiait assez crûment :

« Je ne sais si notre autheur se fait un plan de son ouvrage avant que de travailler ; mais il me semble que souvent il ne suit pas de route assurée et qu’après avoir perdu le temps en digressions inutiles, ou si l’on veut après s’être égaré de son chemin, il se reprend en courant et saute par-dessus le principal de son sujet. Je crois, après y avoir bien pensé, que ce qui l’empêche de marcher constamment sur une ligne, c’est que, ne trouvant point la ligne sur son passage, il la cherche ou il peut et s’engage par là quelquefois dans de mauvais chemins dont il ne revient pas toujours aisément. Il a l’esprit vif, l’expression brillante et variée ; mais la rime, qui ne lui obéit pas toujours, entraîne quelquefois la raison, comme des chevaux mal disciplinés entraînent le cocher et la voiture. »