Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/32

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Vivoit un jeune et vaillant prince,
Les délices de sa province.
Le ciel, en le formant, sur lui tout à la fois
Versa ce qu’il a de plus rare,
Ce qu’entre ses amis d’ordinaire il sépare
Et qu’il ne donne qu’aux grands rois.

Et voici le commencement du Petit Chaperon Rouge :

« Il étoit une fois une petite fille de village, la plus jolie qu’on eût su voir ; sa mère en étoit folle, et sa mère-grand plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge, qui lui seyoit si bien, que partout on l’appeloit le petit Chaperon rouge. Un jour, sa mère ayant cuit et fait des galettes, lui dit : « Va voir comme se porte ta mère-grand, car on m’a dit qu’elle étoit malade. Porte-lui une galette et ce petit pot de beurre. »

Pour que l’homme qui avait écrit ces vers pompeux trouvât cette prose simple et familière, il a fallu évidemment, et quoi qu’en ait dit M. Ch. Giraud, l’intervention d’une main étrangère[1], et

  1. L’écart serait plus grand encore, si nous comparions la prose des contes avec la prose mêlée de vers des allégories froides et alambiquées qui ont pour titres : Dialogue de l’Amour et de l’Amitié, le Miroir ou la Métamorphose d’Orante, et enfin le Labyrinthe de Versailles où Perrault a rimé une trentaine de moralités galantes péniblement tirées des fables d’Ésope.