Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/327

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dans son palais. Il ne songe point à se défaire de sa femme : il a trouvé une vengeance plus raffinée.

Vous n’avez pas, lui dit-il, observé le traité à la rigueur. Partageons le différend : vous aurez de l’esprit la nuit : je ne veux pas d’une femme stupide mais vous le serez le jour pour qui vous plaira.

Mama accepte, met toutes les nuits sous le nez de son mari une herbe assoupissante et va causer avec son amant. Par malheur, une nuit que le gnome ronfle comme un orgue, un valet croit qu’il se plaint, accourt à son lit, voit le narcotique et l’ôte.

Riquet, réveillé, cherche partout sa femme et la trouve avec Arada. Il ne dit rien, mais d’un coup de sa baguette il donne à son rival une figure en tout pareille à la sienne propre.

Alors Mama ne distingue plus son amant de son époux. « Elle vit deux maris au lieu d’un et ne sut jamais à qui adresser ses plaintes, de peur de prendre l’objet de sa haine pour l’objet de son amour. Mais peut-être qu’elle n’y perdit guère : les amants à la longue deviennent des maris. »

Ce conte, d’ailleurs assez ingénieux, n’a que douze pages, pourtant il paraît long, tant il est verbeux. En transportant l’action sous terre, l’auteur a essayé de la replacer dans son vrai cadre, mais il n’échappe pas à l’influence de son siècle, et il continue Perrault en poussant de plus en plus le récit vers la Philosophie et l’allégorie.