Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/346

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joli détail, celui des miettes de pain mangées par les oiseaux, et ici Perrault reprend la corde.

Il la garde avec le Poucet qui monte au haut d’un arbre, voit la petite lueur bien loin par de là la forêt, et, plus malin que le héros du conte patois, ne prend pas la maison de l’ogre pour la chaumière de ses parents.

Toute cette partie est d’ailleurs beaucoup trop rapide chez Oberlin. Les incidents n’y sont qu’indiqués, comme dans un fait divers ou plutôt un procès-verbal rédigé par une plume illettrée.

On voit que le conteur ignore ou dédaigne l’art de mettre les faits en scène et d’en extraire l’émotion qu’ils doivent produire. On dirait qu’il a hâte d’en finir, et il laisse dans l’encrier la dernière phrase, sans doute une formule puérile semblable à celle qui termine la version des frères Grimm[1].

C’est ici que Perrault triomphe : il a eu raison de développer tout ce passage, puisqu’il y a trouvé les effets les plus pathétiques ; mais il a eu tort de

  1. i. Cette suppression est peut-être le fait d’Oberlin, qui est de son temps et ne risque pas sans trembler sa gravité de savant dans une étude sur le patois. Il craint que son travail « ne paraisse poussé trop loin à bien du monde, » il réclame l’indulgence en alléguant que « ce badinage, tout badinage qu’il est, l’a conduit sur un chemin qui n’était ni frayé, ni battu. » Il ne se doute pas le moins du monde qu’il y a rencontré un chef-d’œuvre et, s’il touche à ce chef-d’œuvre, c’est tout simplement pour en retrancher ce qui lui paraît trop indigne de figurer dans son livre.