Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/69

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inflige à sa femme, mais il a engagé son honneur, il veut que Griselidis voie la reine à ses pieds et croit que le triomphe la dédommagera de ses souffrances.

Griselidis sort victorieuse de la lutte, et alors arrive un dénoûment fort original. On avoue à la pauvre femme que tout ce qui s’est passé n’est qu’un jeu, le résultat d’une gageure. Griselidis se réveille comme d’un rêve, fond en larmes et s’écrie :

— Un jeu ! un jeu ! et moi donc ? Ah ! ce jeu-là m’a coûté bien des larmes !

Convaincue que Percival ne l’a jamais aimée, elle lui déclare qu’elle ne peut plus vivre avec lui, et, malgré les supplications et les ordres de son époux, elle reprend le chemin de sa cabane.

Ce dénoûment inflige au mari la punition que méritent ses brutalités, mais comme il atteint du même coup l’innocente Griselidis, il convient plutôt à un roman ou même à un drame qu’à un simple conte qui, selon la poétique du genre, doit toujours se terminer par le bonheur des personnages auxquels le lecteur s’est intéressé.

Il a un tort plus grave, celui de forcer la douce, la patiente, la résignée Griselidis à démentir son caractère. Ce n’est pas parce qu’elle se croit aimée de son époux que la pauvre paysanne supporte si patiemment toutes les tortures et toutes les avanies, c’est parce qu’elle a promis d’obéir sans se plaindre,