Page:Deux Mémoires de Henri Poincaré.djvu/9

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considère et comme les coordonnées d’un point dans un espace à quatre dimensions, les transformations de relativité se réduisent à des rotations dans cet espace. Il a aussi eu l’idée d’ajouter aux trois composantes d’une force la grandeur


qui n’est autre chose que le travail de la force par unité de temps et qu’on peut considérer en quelque sorte comme une quatrième composante. Quand il est question de la force qu’un corps éprouve par unité de volume, les grandeurs sont affectées par une transformation de relativité de la même manière que les grandeurs .

Je rappelle ces idées de Poincaré parce qu’elles se rapprochent des méthodes dont Minkowski et d’autres savants se sont servis plus tard pour faciliter les opérations mathématiques qui se présentent dans la théorie de relativité.



Passons maintenant au Mémoire sur la Théorie des quanta. Vers la fin de 1911 Poincaré avait assisté à la réunion du Conseil de Physique convoqué à Bruxelles par M. Solvay, dans laquelle on s’était surtout occupé des phénomènes du rayonnement calorifique et de l’hypothèse des éléments ou quanta d’énergie imaginée par M. Planck pour les expliquer. Dans les discussions Poincaré avait montré toute la vivacité et la pénétration de son esprit et on avait admiré la facilité avec laquelle il sut entrer dans les questions de Physique les plus ardues, même dans celles qui devaient être nouvelles pour lui. De retour à Paris, il ne cessa de s’occuper du problème dont il sentait vivement l’importance. Si l’hypothèse de M. Planck était vraie, « les phénomènes physiques cesseraient d’obéir à des lois exprimables par des équations différentielles, et ce serait là, sans doute, la plus grande révolution et la plus profonde que la philosophie naturelle ait subie depuis Newton ».

Mais ces conceptions nouvelles sont-elles vraiment inévitables et n’y a-t-il pas moyen d’arriver à la loi du rayonnement sans introduire ces discontinuités qui sont en opposition directe avec les notions de la Mécanique classique ? Voilà la question que Poincaré se pose dans son Mémoire et à laquelle il donne une réponse que je me permettrai de résumer brièvement.