Raport d’une Vérole traitée ſans ſuccès.
Aporté par moi Maître Chirurgien-Juré
à Paris, & ordinaire du Roi en ſa Cour
de Parlement, que ce jourd’hui, en vertu de
la Sentence de Noſſeigneurs des Requêtes du
Palais, en date du 8 du courant, j’ai vû & viſité
le nommé Dubuiſſon, qui s’eſt plaint à
moi qu’il avoit été traité de la maladie vénérienne
ſans avoir été guéri, & qu’il en étoit
fort incommodé. En effet, je lui ai trouvé
ſur la clavicule droite une tumeur gommeuſe,
qui s’étend juſques ſur les os de la poitrine ;
une autre ſemblable ſur le milieu du bras,
& une autre ſur le milieu de la jambe gauche,
ſur leſquelles parties ces tumeurs gommeuſes
ſont appellées nodoſités vénériennes, qu’il m’a
dit lui cauſer, ſur-tout pendant la nuit, des
douleurs inſupportables. De plus je lui ai remarqué
une difficulté d’ouvrir la mâchoire, à
cauſe des brides & des cohérences des gencives
avec l’intérieur des joues, qui ſont les fâcheuſes
ſuites d’une ſalivation mal conduite. Au
reſte j’ai fait entendre audit Dubuiſſon, qu’encore
que ſon premier traitement ait mal réuſſi,
il n’eſt pourtant pas hors d’eſpérance de
guériſon par un ſecond traitement, non par la
voye de la ſalivation, mais par les tiſanes ſudorifiques
& la diete deſſiccative, lorſqu’il
aura été reſtauré par une bonne nourriture,
& par l’uſage du lait d’âneſſe. Fait ce 4 Janvier
1669.