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Page:Devaux - L'Art de faire les Raports en Chirurgie, 1743.pdf/323

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en Chirurgie.

& évitent autant qu’ils peuvent la vûe de ceux qui les connoiſſent ; & la foibleſſe de leur eſprit, leur inſpirant encore de l’amour pour la vie qu’ils menent, quelque infâme & honteuſe qu’elle ſoit, leur ôte en même tems le courage qu’il faudroit qu’ils euſſent pour ſouffrir leurs maux avec une généreuſe patience & une réſignation chrétienne. Enfin, une fievre légere, qui leur ſurvient, termine les jours de ces malheureux, qui ont été tourmentés pendant un long tems par de ſi cruelles ſouffrances.

Après avoir fait ce long détail des ſignes diagnoſtics de l’Éléphantie, il eſt aiſé d’en porter un jugement juridique ; & pour le faire en peu de mots, on peut dire que de toutes les maladies qui attaquent le corps humain, il n’en eſt point de plus monſtrueuſe & de plus horrible que cette Lepre, ni qui ſoit accompagnée de plus fâcheux ſymptômes, à l’exception des douleurs aiguës, dont ces malades ne ſont pas ordinairement travaillés.

Il faut convenir de plus que cette Lepre étant un chancre univerſel, doit être regardée comme une maladie abſolument incurable, quand elle eſt confirmée ; qu’elle n’eſt ſuſceptible dans ſon augment que d’une cure palliative ; & qu’on n’en peut eſpérer la guériſon que dans ſon commencement, c’eſt-à-dire, lorſqu’il n’en paroît encore que des ſignes très-foibles : car dès que les ſignes commencent à